Après la signature de l’armistice à Rethondes le 22 juin 1940, le territoire français est morcelé et partiellement occupé par l’armée allemande ou, pour une petite zone au sud-est, par l’armée italienne, avant de l’être entièrement à partir du 8 novembre 1942 après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord.
Une libération bien plus rapide qu’espérée
Après la libération de la Corse en septembre 1943 consécutivement à la chute de Mussolini et l’armistice décidée par le nouveau gouvernement italien, la libération du territoire métropolitain était aussi attendue que redoutée par la population. La crainte d’un enlisement du front, des bombardements alliés ou d’une politique de terre brûlée allemande était très répandue. Pourtant, en moins d’un semestre, la quasi-totalité du territoire national a été libéré, à la surprise générale.
Le débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944 s’accompagne de l’entrée en action sur tout le territoire des Forces françaises de l’intérieur (FFI) constituées dans la clandestinité par la Résistance. Durant près de deux mois, les forces débarquées restent bloquées en Normandie par l’armée allemande. Les populations de Normandie souffrent alors tout particulièrement des bombardements aériens. Mais les mois d’août et septembre 1944 voient une spectaculaire accélération des opérations. Le front allemand est percé, et les troupes alliées, rejointes le 1er août 1944 par la deuxième division blindée du général Leclerc (2e DB), progressent rapidement vers la Bretagne et vers Paris. Le repli de l’armée allemande s’accompagne de massacres parmi les populations civiles (par exemple à Tulle, Oradour-sur-Glane ou Vassieux-en-Vercors). Le 15 août 1944, les forces américaines et françaises réussissent un second débarquement en Provence. Cette fois, les Allemands n’ont plus la force de s’y opposer militairement et ordonnent l’évacuation de tout le sud de la France. Durant l’été 1944, les convois de déportation se poursuivent de la France vers l’Est et la mortalité n’a jamais été aussi forte dans les camps de concentration et dans les centres de mise à mort en Europe.
Le 25 août 1944, Paris est libéré par les troupes de la 2e DB, des Américains et les Forces françaises de l’intérieur. Trois jours plus tard, Marseille l’est par celles de la Première armée française (levée et formée en Afrique du Nord), qui remonte ensuite la vallée du Rhône. Tout le tiers sud-ouest du pays est libéré par les FFI. Les forces alliées débarquées en Normandie et en Provence font leur jonction en Bourgogne à la mi-septembre. Du fait de l’étirement de leurs lignes de ravitaillement, elles ne peuvent poursuivre leur avancée. Le front se reconstitue au pied des Vosges. En septembre 1944, des rafles et des déportations ont encore lieu dans les Vosges et notamment dans la vallée du Rabodeau.
Les Vosges et l’Alsace sont ainsi les derniers départements français à être libérés, pour l’essentiel par des troupes françaises. Les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin avaient été annexés par le Reich. Honorant le serment de Koufra le 2 mars 1941, la 2e DB entre dans Strasbourg le 23 novembre 1944, qu’elle défend ensuite d’une contre-offensive allemande, et la Première armée dans Colmar le 2 février 1945. Ne sont plus alors occupés par les Allemands que quelques ports de l’Atlantique et la mer du Nord, transformés en forteresses. Les dernières, à Dunkerque et Saint-Nazaire, ne se rendent qu’après la capitulation du 8 mai 1945.
Les derniers mois de la guerre, qui correspondent aux années 1944-1945, ont été les plus meurtriers, pour les civils comme pour les militaires. En Europe, les nazis utilisent leurs dernières forces (humaines et technologiques), espérant jusqu’au bout changer le cours de la guerre alors même que les bombardements de l’aviation alliée s’intensifient. À mesure que les armées alliées progressent à l’ouest comme à l’est, elles découvrent les camps de concentration (à l’ouest, sur l’ancien territoire du Reich) et les centres de mise à mort (à l’est). Le génocide des juifs, désigné aussi sous le terme de Shoah, a provoqué la mort de près de 6 millions de personnes. Plus de 220 000 personnes ont péri lors du génocide des Tsiganes européens.
La restauration de la souveraineté nationale
Le 8 mai 1945, le général de Lattre de Tassigny reçoit à Berlin, avec ses homologues américains, britanniques et soviétiques, l’acte de capitulation allemand qui met fin au conflit en Europe. Le 2 septembre 1945, le général Leclerc représente la France à la cérémonie de capitulation du Japon, qui met un terme définitif à la Seconde Guerre mondiale. Après la défaite de 1940 et l’occupation de son territoire, la France trouve ainsi une place dans le rang des vainqueurs
Sur le territoire métropolitain, la participation d’armées françaises débarquées ainsi que des FFI a été très appréciée de la population. Pourtant, ces armées dépendaient étroitement de l’équipement fourni par les Américains, et n’étaient pas pleinement maîtresses de leurs mouvements, qui devaient s’inscrire dans la stratégie définie par le chef d’État-major interallié, le général américain Eisenhower.
Encore dépendante de ses alliés sur le plan militaire, la France met un point d’honneur à ne plus en dépendre sur le plan politique. À mesure que le territoire français est libéré, une administration provisoire se met en place, sous la double impulsion du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) présidé par le général de Gaulle, qui foule pour la première fois depuis 1940 le territoire français à Bayeux le 14 juin 1944, et des Comités de libération mis en place localement par la Résistance, tout particulièrement dans les zones où elle a libéré seule le pays. Dans sa réalité politique, le pays connaît un extrême morcellement que renforce la désorganisation des transports.
La priorité du GPRF est de restaurer l’autorité de l’État sur tout le territoire. Cette politique est martelée lors de la tournée du général de Gaulle en septembre 1944 à Lyon, Marseille et Toulouse, où il réclame avec force obéissance aux autorités locales issues de la Résistance. Les FFI sont ainsi intégrées à la Première armée française, pour ceux de ses combattants qui le souhaitent ; les autres sont désarmés et rendus à la vie civile.
Après avoir chassé l’occupant et rétabli l’autorité de l’État, la dernière étape est de restaurer la souveraineté de la nation. C’est le sens que prennent les élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945, les premières où votent les femmes ; puis, une fois la paix rétablie, les élections générales du 21 octobre 1945, qui dotent le pays d’une nouvelle Assemblée nationale (la première depuis celle élue en 1936) dotée de pouvoirs constituants.
La victoire, et après ?
On mesure l’efficacité de cette restauration de la souveraineté nationale, célébrée à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, en la comparant à ce qui s’est passé dans d’autres pays européens occupés par les Allemands.
Alors que les tensions au sein de la Résistance française étaient extrêmement vives à l’été 1944, notamment autour du rôle et des intentions des communistes, et que régnait un climat insurrectionnel, la France a su éviter la guerre civile qu’ont connue la Yougoslavie et la Grèce avec la libération.
L’action conjointe du GPRF et de la Résistance intérieure pour combler le vide administratif créé par l’effondrement du régime de Vichy a aussi permis d’éviter la mise en place d’une administration du territoire français du Gouvernement militaire allié des territoires occupés, qui a été instauré en Italie ou en Belgique. Sur le plan international, alors que de nombreux pays voient leurs frontières modifiées en profondeur (par exemple la Pologne), la France a retrouvé l’intégralité de son territoire national comme de son empire, y compris l’Indochine occupé par les Japonais. Pourtant, la sévère répression des manifestations algériennes à Guelma et Sétif le 8 mai 1945, jour de la victoire en Europe, frappe profondément l’opinion algérienne, et sert les mouvements indépendantistes qui vont déclencher neuf ans plus tard l’insurrection marquant le début de la guerre d’Algérie. Le 2 septembre 1945, date de la capitulation japonaise, le Vietnam, qui a été occupé par les Japonais, proclame son indépendance. Des troupes françaises sont envoyées pour s’y opposer. C’est l'origine de la guerre d’Indochine qui s’achèvera en 1954.
La célébration de la victoire sur l’Allemagne nazie le 8 mai 1945 met fin aux combats, mais pas aux souffrances de la guerre. Des centaines de milliers de Français restent sans nouvelles de leurs proches, ignorant s’ils sont morts ou vivants, internés ou déportés en Allemagne, disparus lors des combats de la Libération. Au printemps 1945, plus d’un million et demi de personnes (prisonniers de guerre et civils) doivent rentrer en France. Beaucoup de villes sont détruites. Des blessures ouvertes pendant la guerre sont ravivées lors des grands procès de l’épuration, qui prennent la suite de l’épuration extra-judiciaire de l’automne 1944. En 1953 tous les actes répréhensibles, notamment de collaboration, commis pendant la guerre sont amnistiés, sauf en cas de crime contre l’humanité En effet, cette notion juridique nouvelle, introduite lors des procès de Nuremberg, où sont jugés les principaux responsables nazis, revêt un caractère imprescriptible.
(Source : Eduscol)
Mise à jour : juin 2024