Ce projet d’éducation artistique et culturel a été mis en place en classe de seconde au lycée Raoul Follereau de Nevers. C’est un projet de classe qui a regroupé 30 élèves durant toute une année scolaire. Mêlant les disciplines littéraires et scientifiques, ce projet a réussi à mettre en lumière les arts, les sciences et la biodiversité en utilisant l’une des premières techniques de photographie argentique, le sténopé, sans oublier une utilisation raisonnée d’un outil numérique qui est au coeur de la vie de nos élèves, le smartphone.

En début d’année scolaire, les élèves ont découvert l’ancien herbier d’Abel Maujean, instituteur à Guérigny, qui est conservé au laboratoire de Sciences et Vie de la Terre du lycée Raoul Follereau. Cet herbier date de 1886>. Il contient dix tomes avec près de 1500 espèces (cet herbier est référencé dans les collections publiques départementales). Les élèves ont eu comme premier défi de réaliser leur propre herbier. À cette occasion, ils ont pu découvrir le parc Rosa-Bonheur de Nevers, avec une superficie de trente hectares, qui est un havre de biodiversité. Par équipe de trois élèves, ils ont déambulé à travers ce parc, au gré des différents parcours proposés aux noms évocateurs, « Le dédale des libellules », « Entre Loire et jardins » ou tout simplement « Les Pâtures ». Chaque équipe devait collecter des échantillons (de feuilles, fleurs…) de cinq plantes, arbres ou arbustes tous différents d’une équipe à l’autre. Le seul outil leur permettant d’identifier ces plantes était «Pl@ntNet», une application numérique permettant d’identifier des plantes à partir d’une simple photographie. Après plusieurs semaines de séchage, les élèves ont ainsi pu élaborer leur propre herbier, plus de 130 ans après celui d’Abel Maujean…

La « seconde mission », attribuée aux élèves, était de découvrir et de comprendre l’importance de l’angle de vue lors de la réalisation d’une photographie. Grâce aux interventions, dans le cadre du Pass Culture d’Aït Belkacem, artiste photographe, les élèves ont appris à se détacher de leurs habitudes consistant à simplement appuyer sur une zone de leur smartphone pour réaliser un selfie, une photographie numérique, sans vraiment réfléchir aux paramètres techniques inhérent à la photographie : le choix du sujet, le cadrage, les lignes de force, la profondeur de champ, le point de vue (plongée, contre-plongée, de face). Après plusieurs mises en application chez eux et en classe, avec les conseils avisés du photographe, les élèves ont appris au fur et à mesure de leurs essais, à se positionner différemment, pour arriver à l’essentiel, raconter une histoire à travers la photographie.

Chaque équipe a alors dû choisir une thématique en lien avec l’éducation au développement durable : le gaspillage alimentaire, le recyclage du papier, la biodiversité à travers la faune et la flore (plantes comestibles, nichoir à oiseaux…). Mais il ne suffit pas d’avoir une thématique pour réaliser une belle série de photographies numériques qui ait du sens, il faut encore « trouver son chemin » pour raconter sa propre histoire à travers l’angle de vue que l’on choisit.

Enfin, un troisième challenge leur a été attribué, mettre en valeur la nature urbaine à travers la technique des sténopés. Et cette fois, le défi est de taille car cette technique de prise de vue ne permet pas de voir dans l’instant ce qui a été fait. Ce n’est pas comme avec un smartphone ou l’on voit de manière immédiate ce qui est réalisé. Grâce au matériel et aux explications techniques fournies par l’artiste photographe Erick Mengual, les élèves ont pu tester à de multiples reprises, pendant plusieurs heures, l’importance du temps de pose, du choix du sujet, du type de sténopé (classique ou panoramique), de la taille de la pellicule argentique utilisée. Durant plusieurs semaines, les élèves ont ainsi pu acquérir de l’expérience pour obtenir des clichés de qualité qui puissent mettre en valeur cette nature urbaine au sein du lycée, que ce soit des éléments « graphiques » comme les bâtiments, le mobilier urbain ou tout simplement des moments de sports collectifs urbains que les élèves pratiques eux-mêmes (le basket, le rugby ou la boxe). Mais cette fois, une seule photographie doit permettre de raconter une histoire, soit une trentaine de photographies au sténopé.

Comme bien souvent, les créations d’un artiste sont proposées au public à travers une exposition. Cette partie du projet fût peut-être l’une des plus intéressantes car elle a mis en lumière des qualités et des compétences insoupçonnées pour tous les élèves, timides ou à l’aise à l’oral, quelque soit leur parcours scolaire. Il a fallu tout d’abord effectuer un choix parmi toutes les photographies réalisées, choix effectué collectivement par les élèves qui exprimaient leur avis. Puis les élèves ont dû s’approprier le lieu de l’exposition, la salle Claude Parent du lycée Raoul Follereau, et enfin, décider de la manière dont les photographies seraient « mises en scène » sur les grilles proposées ou affichées aux murs sur les cimaises disponibles. Mais ce n’est pas tout, les élèves ont également proposé de manière collaborative un texte de présentation de leur travail et l’une des élèves, Eva G. a également accepté de réaliser le flyer qui a servi à l’invitation des parents et de l’équipe pédagogique au vernissage. Le jour du vernissage fut un moment assez incroyable. Les élèves ont joué les guides pour les visiteurs, en se répartissant les tâches. Ils passaient d’une histoire à une autre, répondaient aux questions, racontaient leur propre vécu, leur propre histoire qu’ils avaient matérialisée à travers ces photographies. La collation prévue à l’issue du vernissage a également permis de mettre en avant les sept élèves de la section sportive rugby du lycée (qui jouent au sein du club de rugby de Nevers, l’USON) et qui ont parfaitement géré ce moment de convivialité pour clôturer ce «beau projet»....

Flyer Exposition de l'atelier scientifique en collaboration avec M. Belkacem et M. Mengual (Angle de vue - Sténopé)